Agir pour activer le pouvoir des parcs

Ressource | janvier 21, 2022

Cette ressource est réalisée par Les Amis de la montagne en collaboration avec les Amis des parcs et avec le soutien du Conseil régional de l’environnement de Montréal et le Centre d’écologie urbaine de Montréal à la suite de l’atelier thématique sur la gouvernance participative et l’engagement citoyen dans les parcs qui s’est tenu le 24 novembre 2021.

Lors de l’événement organisé dans le cadre du Réseau des amis des parcs de Montréal, une quarantaine de personnes issues d’administrations municipales, de groupes amis de parc, de citoyens et d’organismes, ont discuté, en compagnie du conférencier Jonathan Cha qui est conseiller principal en aménagement du parc Jean-Drapeau, de leur vision des partenariats nécessaires pour soutenir l’établissement d’une gouvernance participative optimale favorisant l’appropriation citoyenne et l’animation des parcs de Montréal. 

Ce document vous présente la synthèse des échanges bonifiée par les propos de la chercheuse Dr Pauline Wolff du CERSÉ, spécialiste des initiatives citoyennes d’appropriation de l’espace.

 

  1. Qu’est-ce que le partenariat ?

    Le partenariat est un outil de mise en relation qui guide « l’agir ensemble » des acteurs en lien à un projet commun. Un partenariat réussi permet de mobiliser, à divers degrés, les citoyens, les organisations communautaires afin de collaborer avec les instances municipales pour développer le potentiel des parcs municipaux pour qu’ils répondent aux attentes et aux besoins de l’ensemble de la population montréalaise.

    L’engagement de la communauté est l’élément le plus important pour avoir des partenariats fructueux [dans la gouvernance des parcs urbains]. Adrian Benepe, Président et chef de la direction, Brooklyn Botanic Garden, lors de la Conférence du Forum des amis des parcs 2021

    Les avantages de la gouvernance participative

    Selon Pauline Wolff, les avantages d’une gouvernance participative qui implique les acteurs concernés par une initiative sont nombreux :

    Pour les citoyens : La participation permet de renforcer l’engagement local et de développer un sentiment d’appartenance à son parc et son quartier.

    Pour les organismes : La participation permet d’adapter la mission et de mieux répondre aux besoins de leur clientèle.

    Pour la municipalité : La gouvernance participative permet d’être plus près des citoyens et d’être en contact avec les besoins de la population.

    Le Dr Wolff est convaincue que tout le monde en sort gagnant. En fait, elle voit très peu de contextes dans lesquels la gouvernance participative n’apporte pas de bénéfices.

  2. Comment établir un partenariat fructueux pour nos parcs ?

    Identifier les acteurs concernés pour une gouvernance inclusive

    Pour que le processus de gouvernance soit le plus inclusif possible et réponde aux besoins et aux aspirations de l’ensemble de la communauté, il est important d’identifier tous les acteurs pouvant être touchés par une initiative ou pouvant l’influencer. Il peut s’agir de groupes citoyens, d’organisations communautaires, de la municipalité, des autres paliers de gouvernement, des entreprises privées et des industries, ainsi que des institutions. Pour simplifier la lecture, cette ressource se penche sur les trois premières catégories d’acteurs : les citoyens, les organismes et la municipalité.

    Une technique recommandée par Dr Wolff pour s’assurer d’identifier le plus grand nombre d’acteurs possible est la technique Boule de neige. Elle consiste à demander à chacun des acteurs rejoints lors de réunions ou par courriel s’ils peuvent suggérer d’autres acteurs à impliquer dans la démarche. Au fil du temps, lorsqu’il n’y a plus de nouveaux acteurs nommés, on peut considérer que l’échantillonnage est assez complet.

    Comprendre les objectifs de chacun

    Dès le début de la démarche, il est essentiel de comprendre les attentes et les objectifs de chacun pour éviter les conflits. Comme l’explique Dr Pauline Wolff, les différents acteurs peuvent avoir différentes attentes, notamment quant à la réalisation de leurs objectifs : les citoyens veulent du court terme afin de répondre aux besoins immédiats, alors que les organismes œuvrent sur du moyen terme selon les financements reçus et les villes du plus long terme notamment en lien au cycle électoral.

    S’appuyer sur des valeurs communes pour développer une vision partagée

    L’existence de valeurs partagées dans un partenariat consolide la démarche puisqu’elle favorise la mobilisation, l’engagement, le sentiment d’appartenance et des liens de solidarité entre les acteurs. Les valeurs partagées permettent de guider le processus et de le garder sur la bonne voie en informant la prise de décisions par exemple. Les valeurs qui définissent un partenariat peuvent être multiples et faire consensus ou non. Elles doivent donc faire l’objet de discussions.

    Avec intérêt, les participants à l’atelier ont donc échangé sur les valeurs qui leur tiennent à cœur afin d’amorcer une collaboration du bon pied. Par exemple, le nuage de mots ci-dessous a été généré lors de l’atelier en réponse à la question suivante : L’existence d’une vision et de valeurs partagées entre les acteurs quant au processus participatif peut consolider la démarche et créer un lien de confiance entre elles. Quelles valeurs devraient être partagées par l’ensemble des parties de votre partenariat ? Le respect de la nature, la transparence et la coopération ressortent comme les valeurs les plus importantes à partager dans les partenariats qui visent la gouvernance des parcs urbains.

     

     

    Comprendre les forces et les limites de chacun

    Après avoir identifié les acteurs qui pourraient participer à la gouvernance d’un parc, leurs valeurs et motivations pour définir une vision et des objectifs communs, il est important de comprendre les forces et les limites de chaque partenaire avant de définir les rôles et responsabilités. Le but est de s’unir pour mettre en commun les ressources et l’expertise de chacun et de dépasser les limites organisationnelles. Mais également de respecter les capacités des partenaires pour créer une relation enrichissante pour tous.

    Par exemple, lors de l’atelier, les éléments suivants sont ressortis.

       Forces  Limites
      Citoyens
    • Connaissance du territoire
    • Connaissance de l’historique du site
    • Engagement, dynamisme et motivation
    • Connaissance des besoin
    • Représente un bassin de bénévole
    • Force du nombre
    • Influence le politique
    • Multiplication des visions (Dissensus entre les opinions)
    • Manque de connaissance technique (aménagement, entretien, suivis de terrain)
    • Manque de ressources (monétaires, humaines et de temps)
    • Peu de poids et d’influence par  rapport aux autres instances
    • Faible taux de participation
     Organisme
    • Clarté de la mission
    • Structuré
    • Voix forte
    • Réseau de contacts
    • Flexible
    • Dynamisme
    • Fédérateur
    • Détiennent des expertises variées
    • Vision ou mission limitée
    • Moins activiste dans certains cas
    • Manque de ressources (monétaires, humaines et de temps)
    • Instabilité du financement
    • Roulement de personnel et changement de leadership des  projets
     Municipalité 
    • Dispose de pouvoir législatif (réglementation)
    • Dispose de ressources financières
    • Dispose de ressources humaines et d’expertises
    • Propriétaire des espaces à transformer
    • Connaissance du territoire
    • Leader de projet
    • Dispose de pouvoir décisionnel 
    • Encadrement des projets grâce à des outils de planification
    • Le financement dépend du politique
    • Dissensus entre les élus et les fonctionnaires
    • Multiplication des priorités
    • Rigidité de la culture de gouvernance
    • Complexité des procédures administrative
    • Manque de ressources (monétaires, humaines et de temps)
    • Manque d’ouverture aux citoyens
    • Manque d’acceptabilité sociale 
    • Travail en silos entre différents départements
    • Mécanismes et procédures difficiles à comprendre

     

    Une (re)distribution adaptée des rôles et des responsabilités

    Traditionnellement, la Ville détient le pouvoir décisionnel et la plupart des responsabilités en lien à la gouvernance des parcs. En cheminant vers une gouvernance participative, les rôles et responsabilités peuvent être répartis et partagés entre la ville, les organismes communautaires et les citoyens. Il est souhaitable d’obtenir le plus de clarté possible au niveau des rôles et responsabilités afin d’éviter certains conflits entre les acteurs en plus de se rendre redevables auprès des partenaires et de la population.

    Donc, la nature de l’implication de chacun doit être définie le plus tôt possible par exemple en se posant les questions suivantes:

    • Qui devra être en charge?
    • Qui sera redevable?
    • Qui est en soutien?
    • Qui devra être consulté?
    • Qui devra être informé?

    Et par rapport à quels aspects de la gouvernance et de la gestion d’un parc ? :

    • L’idéation et l’élaboration d’une vision,
    • La planification des étapes du projet,
    • La recherche de financement,
    • Les communications,
    • La planification et la réalisation des aménagements,
    • L’organisation d’activités,
    • L’intendance environnementale,
    • L’adoption ou la modification de règlements.
  3. Processus de gouvernance participative : il n’y a pas de recette unique à un partenariat réussi !

    Bien que l’on puisse s’inspirer d’expériences passées, les contextes physiques, socioéconomiques et les acteurs impliqués diffèrent d’un parc à l’autre. Chaque partenariat doit développer son propre fonctionnement en prenant en compte le contexte, les forces et limites de chaque partenaire. Quelques éléments sont clairs cependant, une gouvernance réussie est le résultat du développement de pratiques de transparence, de participation et de collaboration, qui peuvent évoluer pour s’adapter au contexte tout au long de la durée de vie du partenariat.

    Faire évoluer les partenariats dans le temps

    Avec le temps, les capacités des citoyens et des organismes peuvent varier. Il peut être important alors de revoir les rôles et les responsabilités de chacun des acteurs. Par exemple, Dr Wolff souligne que l’un des pièges à éviter du côté de la municipalité est de confondre l'autonomisation des citoyens avec le fait de les laisser à eux-mêmes. Dans ce dernier cas, une initiative menée uniquement par des citoyens bénévoles peut tomber à l’eau si un leader communautaire déménage ou tombe malade. Il est donc recommandé que la ville soit en appui tout au long de la démarche pour en assurer la pérennité.

     

    Légende photo de couverture : Croix et centre ville printemps - Pixup MTL pour Les amis de la montagne.

Le Réseau des amis des parcs de Montréal

En collaboration avec

les Amis des parcs
Les amis de la montagne
le Conseil régional de l'environnement de Montréal
le Centre d'écologie urbaine de Montréal

Rendu possible grâce au généreux soutien de

La promesse TD prêts à agir
Secrétariat à la région métropolitaine du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation