Cultiver un jardin communautaire
Songez-vous à aménager un jardin communautaire? Chloe Sanchez est en train d’en créer un pour son logement communautaire. Ses expériences et ses conseils pourraient vous aider à vous lancer.
Selon elle, les espaces verts « libèrent la faculté d’épanouissement et de croissance chez les gens ». C’est cette croyance qui est à l’origine de son projet de jardin communautaire, qui rendra accessible le pouvoir de guérison des plantes aux gens du voisinage. Chloe réside au 415 Willowdale, un logement communautaire de l’organisme Toronto Community Housing situé dans la banlieue rapprochée de North York. La communauté comprend 280 logements qui ont un accès très limité aux espaces verts. À titre de représentante des locataires du 415 Willowdale, elle travaille depuis trois ans à son projet d’un espace extérieur où les gens de sa communauté et d’ailleurs pourraient se ressourcer.
Il y a deux ans, grâce à la subvention que lui ont accordée Park People et la TD, Chloe a pu commencer à imaginer et à planifier son projet de verdissement. Elle s’est vite rendu compte que la propriété où elle souhaitait établir son jardin communautaire n’appartenait pas à l’organisme Toronto Community Housing, mais plutôt à la Ville de Toronto. Cette découverte inattendue a compliqué les choses et a retardé le projet. Malgré cet obstacle, Chloe est demeurée optimiste et n’a pas tardé à organiser des événements pour animer l’espace vert vacant et sensibiliser la communauté aux bienfaits d’un jardin où pousseraient toutes sortes de plantes médicinales bienfaisantes. Aujourd’hui, Chloe passe à la prochaine étape de la réalisation de son projet de serre pour cultiver des plantes qui guérissent.
Voici comment elle s’y est prise.
Tissez des liens
Ce conseil de Chloe est très simple : commencez par votre conseiller ou conseillère municipal(e). "Vous devez absolument créer des liens avec votre conseiller, mais comme son emploi du temps est probablement très chargé, ce ne sera pas nécessairement facile."
Lors de votre première rencontre, Chloe suggère d’apporter votre proposition, votre plan d’affaires et vos plans du jardin. Chloe et son groupe étaient si bien préparés qu’ils ont reçu une réponse positive de leur conseiller et ont ainsi pu élaborer d’autres plans pour répondre à ses questions et à ses préoccupations. Il s’inquiétait notamment du vandalisme et des vols dont avaient été victimes plusieurs autres jardins communautaires. Pour aider à dissiper cette crainte, Chloe a collaboré avec la Ville à la création d’un concept de serre. Elle suggère d’ailleurs aux groupes de travailler en partenariat avec leurs bailleurs de fonds, qui peuvent offrir bien plus qu’une aide financière au projet. Elle souligne le mérite de la Fondation TD des amis de l’environnement (FAE TD) d’avoir fourni des conseils pratiques et des commentaires sur le projet initial de jardin et sur la serre. « Ils ont collaboré à tant de projets. C’est une bonne idée de rencontrer des partenaires financiers comme la FAE TD pour recevoir des conseils et des suggestions qui aident à réaliser le projet. Comme vous, ils ont intérêt à ce que le projet fonctionne. »
Trouvez des experts
Chloe sait beaucoup de choses sur les plantes médicinales, mais elle sait aussi qu’il y a des gens qui sont spécialistes de ce domaine: "Si j’ignore quelque chose, je l’ignore, c’est tout. Mais ce n’est pas bien grave, parce que je suis entourée de gens qui peuvent m’aider."
Avec son groupe, elle a consulté d’innombrables experts, y compris des chefs autochtones, des horticulteurs, des naturopathes et des éducateurs. Ceux-ci ont même animé de nombreux événements publics sur les lieux, comme des promenades dans la nature et des ateliers de confection de produits naturels comme des confitures, des thés aux herbes et des onguents naturels. Ces activités aident les membres de la communauté à s’impliquer dans le projet de jardin communautaire et à en constater directement les bienfaits. Chloe suggère aux groupes de prévoir autant que possible un cachet pour les personnes qui offrent leur expertise : « offrir une rétribution, aussi petite soit-elle, montre que vous valorisez leur temps et leurs connaissances ». Son groupe a également travaillé avec un grand nombre de professionnels, dont des architectes, des urbanistes et des élus municipaux qui ont contribué à la réalisation du projet de serre. Selon elle, le succès d’un projet repose sur le choix des collaborateurs. Prenez votre temps pour choisir les professionnels que vous voulez dans votre équipe.
Il faut tout un village
Chloe travaille avec une équipe de dix bénévoles. Dans ses moments les plus occupés, l’équipe se rencontre une fois par semaine, et l’hiver, une fois par mois. Le groupe s’est partagé diverses responsabilités, comme le bénévolat, les relations communautaires et la coordination des ateliers. Les bénévoles se chargeront aussi de superviser les plans finaux de la serre et de son bâtiment. "C’est important d’avoir une équipe diversifiée. On a besoin de gens possédant différentes aptitudes pour nous aider dans nos relations avec les partenaires financiers, la Ville, les participants et le jardin lui-même. Gardez l’esprit ouvert," recommande Chloe.
Intégrez la diversité
La communauté de North York, où vit Chloe, est particulièrement multiculturelle. Son groupe a mis en œuvre des moyens pour impliquer les différentes communautés culturelles dans le projet de jardin guérissant et de serre. L’organisation d’activités, par exemple une cérémonie du thé iranienne, aide à mobiliser la communauté iranienne locale. Le groupe a également entretenu des liens avec la communauté chinoise de la région grâce à des activités régulières comme du tai-chi et des ateliers sur la médecine traditionnelle chinoise. De plus, les communautés autochtones ont été sensibilisées à la cause à l’aide de promenades dans la nature et d’activités visant à expliquer les nombreuses utilités des herbes comme le foin d’odeur et la sauge. Quand vous choisirez quoi faire pousser dans le jardin, Chloe conseille bien entendu des incontournables comme la lavande et la bergamote, mais elle conseille aussi de consulter des personnes appartenant à différents groupes ethniques et de voir quelles plantes peuvent être cultivées localement.
Prenez votre temps
Il y a une chose que Chloe veut mettre au clair dès le départ : « prenez de grandes respirations, ça risque de prendre du temps. "Pour obtenir ses permis pour la serre, le groupe du 415 Willowdale a dû attendre plus de deux ans. Un progrès lent a aussi ses avantages, fait remarquer Chloe. " À chaque étape, j’ai appris quelque chose qui allait améliorer le projet." La construction de la serre est prévue pour 2019. Le projet aura pris trois ans à se concrétiser, mais il aura un effet extrêmement positif dans la communauté.